Pérégrinations paléolithiques #7 Les cavernes du Volp : une jolie tournure de roman

Photographie © Robert Bégouën

Entrée gratuite dans la limite des places disponibles.

Conférence également disponible en live et replay sur notre chaîne YouTube.


Dans le cadre du cycle préhistoire, rencontre sur le plateau-média de l’isdaT organisée et conduite par Carole Fritz, archéologue préhistorienne, chercheure au CNRS, directrice scientifique de la grotte Chauvet, Gilles Tosello, plasticien et préhistorien, membre de l’équipe scientifique de Chauvet et Philippe Fauré, enseignant à l’isdaT.

Invité : Robert Bégouën, conservateur des cavernes du Volp, préhistorien, photographe.


“Peu de découvertes ont, plus que celles-ci, une jolie tournure de roman.” C’est par ces mots que l’abbé Henri Breuil présentait au siècle dernier l’exploration des trois cavernes qui côtoient la rivière le Volp en Ariège. La découverte d’un site paléolithique, par trois frères de seize à dix-neuf ans, a effectivement un parfum d’aventure. Mais que cette découverte soit aussitôt suivie d’une autre et ait été précédée par la redécouverte d’un habitat préhistorique par les mêmes jeunes gens relève du miracle. D’autant plus qu’il s’agit là de sites majeurs par l’originalité, la qualité et la quantité des œuvres pariétales et objets travaillés sur pierre, os ou bois de renne : millier de gravures et peintures, tout autant d’outils, ornés ou pas…, sagaies, poinçons, propulseurs, polissoirs, contours découpés, éléments de parures, plaquettes gravées… Certaines représentations sur les parois ou les objets sont remarquables par le style ou rares par les motifs : des monstres, des anthropomorphes, des animaux peu représentés comme des chouettes ou des lions, voire uniques : une sauterelle ou un coït humain. Sans oublier, la révélation que les Magdaléniens sculptaient l’argile, comme en témoignent les bisons cachés au plus profond du “sanctuaire” du Tuc d’Audoubert.

Cela s’est passé en avril 1911 à Enlène, puis octobre 1912 au Tuc d’Audoubert et enfin à la veille de la Première Guerre Mondiale pour la grotte des Trois Frères. Autre miracle, Max, Jacques et Louis ont survécu aux combats.

Cette épopée familiale n’en reste pas là, elle se transforme en apprentissage des notions d’archéologie, de recherche scientifique dans le domaine naissant de la préhistoire, doublé d’un sens visionnaire de la protection d’un environnement sous-terrain non visité depuis des millénaires. Les empreintes sont nombreuses dans la grotte du Tuc d’Audoubert. Bien que la grotte d’Enlène ait en partie été saccagée par les premier fouilleurs au XIXe siècle, qui en extrayaient quantité de stalactites et stalagmites, une grande partie de l’art mobilier a été épargnée.

Ce qui frappe, c’est la rigueur, l’esprit scientifique empreint de spiritualité comme la capacité à stimuler autrui qu’Henri Bégouën, propriétaire des lieux a transmis à ses enfants découvreurs. Précisons qu’il succèdera à son ami et professeur Émile Cartailhac à la chaire de préhistoire de l’université et sera conservateur du Muséum de Toulouse.

Garantir la propriété, la conservation et l’étude de ces sites tenus à l’écart de toute velléité mercantile durant le siècle de la découverte et le suivant, c’est cette discipline que cet humaniste a su transmettre aux descendants de la famille dont son petit-fils Robert Bégouën, actuel conservateur des cavernes du Volp, que nous avons l’honneur d’accueillir dans le cycle des Pérégrinations Paléolithiques.


Robert Bégouën présentera d’abord ces trois cavernes exceptionnelles par leur conservation (empreintes de pas intactes) et par la richesse des gravures, peintures, sculptures (les bisons du Tuc sont uniques au monde, les anthropomorphes sont remarquables…) et l’art mobilier du Magdalénien. La grotte d’Enlène était un lieu de vie en contact avec les deux autres cavernes qui étaient très probablement des sanctuaires ou lieux sacrés.

Après le récit de la découverte, une riche iconographie nous sera montrée. En dialogue avec Carole Fritz et Gilles Tosello, nous aborderons les questions du quotidien, de l’art, du spirituel au Magdalénien. Nous effectuerons des comparaisons géographiques avec les cavernes magdaléniennes des deux côtés des Pyrénées, de Niaux aux grottes de Cantabrie. Nous envisagerons aussi la temporalité qui sépare le site du Volp avec la grotte Chauvet d’époque Aurignacienne, c’est à-dire antérieure de 20 000 ans.


Robert Bégouën est le conservateur des trois cavernes du Volp, un patrimoine familial et un ensemble archéologique exceptionnel. Situés en Ariège, à Montesquieu-Avantès, le Tuc d’Audoubert, la grotte d’Enlène et la caverne des Trois-Frères forment un des sites préhistoriques les plus importants des Pyrénées et de France. Leur découverte est un conte familial. En effet, conseillés et guidés par leur père Henri Bégouën, elles ont été explorées successivement à partir de 1913 par ses trois fils, alors adolescents : Louis (le père de Robert), et ses oncles Max et Jacques, alors adolescents. Après la Première Guerre Mondiale et encore aujourd’hui, elles sont étudiées en profondeur.

S’inscrivant dans une lignée humaniste et scientifique, leur père Henri Bégouën était l’un des premiers chercheurs dans cette nouvelle discipline qu’était la préhistoire au début du XXe siècle. Il l‘a enseigné à l’université tout en étant conservateur du Muséum de Toulouse. Très tôt, il devient l’ami des préhistoriens Émile Carthaillac et Henri Breuil qui seront toujours aux côtés des découvreurs. Henri Bégouën a légué ce site à ses enfants et descendants pour en assurer l’étude et la conservation. Ces derniers ont souhaité pérenniser dans la famille cet héritage culturel d’intérêt général en fondant l’Association Louis Bégouën, dont l’objet est la propriété, la conservation et l’étude des Cavernes du Volp. Leur accès n’est possible que pour les seuls chercheurs.

Robert Bégouën a participé à la première couverture photographique en couleur des Cavernes du Volp et a dirigé les campagnes de fouilles qui se sont succédées sur ce site depuis les années 1970. Il a également dirigé la rédaction des monographies du Tuc d’Audoubert, d’Enlène et de la Caverne des Trois-Frères. À son initiative, Robert Bégouën mène avec Jean Clottes d’importantes campagnes de fouilles de 1976 à 1990, dans la grotte d’Enlène et dans celle des Trois-Frères, découvrant de nombreux objets d’art magdalénien. De 1992 à 2008, c’est la caverne du Tuc d’Audoubert qui est entièrement étudiée, et publiée dans une monographie Le Sanctuaire secret des bisons qui paraît en 2009. Ces travaux de recherche, qu’il dirige dans cette grotte, ont été classés “d’intérêt national” par le ministère de la Culture. De 2010 à 2014, La Caverne des Trois-Frères, anthologie d’un exceptionnel sanctuaire préhistorique, une monographie de la caverne des Trois-Frères, est à son tour publiée sous sa direction. De 2015 à 2019, il dirige la réalisation d’une importante monographie de la grotte d’Enlène (450 pages et autant d’images), qui est publiée en octobre 2019, La grotte d’Enlène, immersion dans un habitat magdalénien.

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