Accrocs, Marie Bette

Tresse, lusieurs sortes d’argiles, farine de blé, sable, toile de coton, Marie Bette et Luca Guizzo, 2019

Workshop art dans le cadre de la semaine des workshops
Ouvert à 15 étudiant·es en années 2 et 3 option art


À partir de la lecture d’extraits du livre Jeanne d’Arc de Nathalie Quintane et d’autres textes*, Marie Bette propose aux étudiant·es de transposer les situations de perceptions qui y sont décrites dans des sculptures. Chacun des textes présentés aborde des questions de sensations corporelles internes pouvant être rapprochées de questions de sculpture classique : comment les corps qui se coincent dans leur vêtements créent une torsion, une intrication entre deux matériaux. Quels sont les points de contacts, et les frottements qui en résultent. Comment les matériaux qui composent une pièce s’influencent l’un l’autre. Comment un morceau de corps, une jambe chez Henri Michaux, perçoit son environnement. Comment le poulpe regarde autour de lui à l’aide d’organes lumineux.

C’est par le prisme de ces descriptions que les questions d’accrochage et de sculptures seront abordées. Une attention particulière sera portée à la façon dont les formes tiennent au sol, se posent, se décollent des murs. Les étudiant·es seront invité·es à penser et fabriquer les systèmes d’accroches avant la pièce, laissant ces derniers suggérer les formes et matériaux des pièces à venir. Pour cela, une grande variété de matériaux souples et de méthodes pour les rigidifier seront proposées.

* Références bibliographiques

  • Jeanne d’Arc, Nathalie Quintane,
  • La dimension cachée, E.T. Halls,
  • Penser comme un rat, Vinciane Despret,
  • Les rêves et la jambe, Henri Michaux,
  • L’histoire de Barbe (recueil Que dit l’artiste), Tacita Dean,
  • Vampyroteuthis Infernalis, Vilém Flusser.

Penser comme un rat, Vinciane Despret, Versailles, éditions Quae, 2009, page 35.

Le rat dessine, marque, imprègne, dans ses muscles et sur sa peau, la carte d’un paysage latéral. Et ce sera la concordance de cette carte avec les sensations qu’il récoltera sur la route du retour qui lui indiquera qu’il est sur le bon chemin, et que le nid sera là, au lieu précis où toutes les sensations auront achevé de se dérouler. Le rapport à la trace s’inverse : il ne s’agit plus seulement de “marquer” les lieux où l’on passe, comme le font les rats et nombres d’animaux, étendant leurs corps aux limites de leurs territoires à grands coups de substances odoriférantes, il s’agit aussi de se faire marquer par l’espace, lui-même organisé par le trajet, et d’en incorporer l’organisation.

Les rêves et la jambe (essai philosophique et littéraire), Henri Michaux. Première édition 1923. La pléiade, œuvres complètes, page 19.

La jambe est intelligente. Toute chose l’est. Mais elle ne réfléchit pas comme un homme. Elle réfléchit comme une jambe.
La jambe n’est pas bête, elle ne marchera pas sur de l’huile ou des bulles de savon, elle ne s’essaiera pas à faire de la broderie.
Logique de la jambe.
Mais la jambe se rendra nue au milieu des sénateurs, ou à une conférence de suffragettes, ou en propriété privée. Le public, le paysage, n’intéressent pas la jambe ; cela n’est pas son affaire.
La logique d’un morceau d’homme est absurdité pour l’homme total.


Marie Bette, née en 1988, vit et travaille à Paris. Diplômée de la HEAD Genève en 2017 et de l’École Nationale Supérieure des Beaux-Arts de Lyon en 2010, Marie Bette travaille en tant que coorganisatrice au sein de l’artist run space Pauline Perplexe à Arcueil depuis 2017. Sa pratique de sculpture se déploie régulièrement à l’extérieur des lieux d’expositions. En 2019, elle participe à la résidence Fieldwork: Marfa et obtient une bourse de la Fondation Gandur qui lui permet d’approfondir ses recherches sur la construction en terre crue, en papier et en cire. À l’automne 2021, elle prolonge ce travail au sein de la résidence de recherche du centre d’art Les Capucins à Embrun. Elle obtient une bourse d’Aide individuelle à la création de la DRAC Île-de-France la même année pour la publication d’un fanzine autour de la construction en terre crue. En septembre 2021 elle fait partie des lauréat·es des Prix d’art Suisses.

Elle participe à des expositions collectives : Swiss art awards 2021 à Messe Basel Halle 3, Bâle ; À tous ces objets caressés d’un peu trop près à la galerie MR80 à Paris (curatrice Alexandra Fau) ; Super Salon — Paris Internationale (curatrice Claire Le Restif), Talisman (curateur Yann Chateigné) à Genève, Comunità Olivetti (curatrice Donatella Bernardi) à l’Institut Suisse de Rome, Shake what your mama gave you (curatrice Julie Morel) au Centre d’art Passerelles à Brest. En 2018, elle présente une exposition personnelle à la Galerie Mezzanin à Genève, Pneumate.

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