Tremblements 3 0 7 #4, Jean-Michel Poinet

Visuel © Jean-Michel Poinet

Vernissage jeudi 11 mai 2023 de 17h30 à 20h

Tremblements 3 0 7 est un cycle d’exposition qui concerne le champ largement diversifié de la peinture actuelle. C’est l’occasion d’ouvrir les portes de l’atelier peinture (salle 307), lieu de partage, de fabrication, et de pensée des pratiques picturales. À cette occasion ces activités prennent une forme exposée, offrant ainsi leurs tremblements à tous·tes.
Responsable de programmation : Simon Bergala.

Jean-Michel Poinet est étudiant en année 4 option art.


Réel
“J’aimais particulièrement un de mes paysages au premier plan duquel se dressait un arbre sec et rabougri. À cette époque, je vivais à la campagne et mes juges étaient nos voisins. L’un d’eux, ayant considéré le tableau, hocha la tête et dit : “Un bon peintre choisit un bel arbre, vigoureux, couvert de feuilles bien vertes, et non un arbre sec et rabougri.” Ce jugement vexa l’enfant que j’étais alors. Ce n’est que plus tard que je compris ce qui plaisait à la foule. […] Le poète doit s’élever d’autant plus que l’objet qu’il a choisi est plus ordinaire, car il lui faut en extraire ce qu’il a d’extraordinaire, en faisant en sorte cependant que cet extraordinaire soit vrai.”
Nikolaï Gogol, Confession d’un auteur, œuvre posthume.

Il y a dans les choses les plus banales la plus profonde connexion au réel, une puissance cachée qui se dérobe aux yeux du quotidien. Et pour peu qu’on s’y attarde le temps d’un instant, ce ne sont plus les yeux, mais tout l’intérieur qui est traversé par ce flux vital d’un réel pur. Il n’est pas besoin de connaître, au mieux il ne faut rien connaître, ni les noms ni les histoires ; comprendre, intus et in cute. Cette sensation étrange, face à l’autre, le silence de la rame d’un métro, comment les gens vivent, quelles étranges manières d’êtres ; et se rendre compte des forces les plus habituelles qui s’exercent sur eux. Et les corps pourront prendre les allures les plus contournées, déformées, et les visages les expressions les plus inattendues, ce seront pourtant les plus naturelles au vu de ces forces qu’ils subissent. C’est étrange pourtant comme les figures semblent s’effacer, disparaître, entrent et sortent, l’œil affolé ne peut plus que saisir des détails, quelques points fixes un instant dans l’espace, une montre, un visage, et l’on se retrouve face seulement à ce qui reste ou plutôt persiste, persévère.

Si bien qu’il n’y a que le plus banal qui soit universel, l’extraordinaire n’existe pas tout comme le passé il n’est déjà plus ; seul est ce qui est.

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