18h — amphi A, site Daurade
La voie est considérée habituellement comme relevant strictement de la sphère technique. Or elle peut aussi être envisagée comme une “architecture”. Illustré par une iconographie abondante et en partie inédite, ce livre montre ainsi comment, depuis l’Antiquité, les chemins, les routes, les rues, les boulevards, les autoroutes et les parkways ont pu être envisagés comme relevant — à la fois — du solide, de l’utile et même du beau. Cette généalogie permet d’expliquer l’origine de la plupart de nos dispositifs routiers actuels — que l’on considère à tort comme spécifique à l’automobile (échangeurs, ronds-points, routes à péages, voies multimodales, etc.) — inventés au temps des voitures à chevaux, parfois même expérimentés au cœur des jardins à la française ou des parcs pittoresques.
Le prisme de la voie permet alors de révéler, par une série de “coupes en long” qui couvrent de longues périodes (paradigmes de l’édifié, du jardin et du flux), une tradition qui associe étroitement les savoirs et les objets des architectes, des ingénieurs, des paysagistes et des urbanistes, considérés aujourd’hui comme autant de domaines distincts. Cette publication se présente ainsi comme une somme historique, largement inédite, sur une “architecture du territoire” envisagée comme le socle commun des disciplines de l’aménagement.
Enfin, face aux incertitudes qui pèsent aujourd’hui sur le nombre et l’encombrement des futurs véhicules, aussi bien que sur leur vitesse et leur énergie de locomotion, cette redécouverte d’une longue tradition de conception architecturale de la voie, permet à nouveau d’envisager celle-ci non plus comme un objet fonctionnellement surdéterminé — et voué à l’obsolescence technique —, mais comme un élément permanent et constitutif du territoire, à même d’intégrer une somme croissante d’enjeux (environnementaux, sociaux, urbains, esthétiques, etc.) et de se soumettre à des processus de transformation, de réhabilitation, de reconversion et de recyclage que rendent nécessaires les changements actuels et futurs.
Éric Alonzo est architecte et docteur en architecture (First European Prize Manuel de Solà-Morales). Il est professeur à l’École d’architecture de la ville & des territoires Paris-Est où il codirige le DSA d’architecte-urbaniste. Au sein de l’Observatoire de la condition suburbaine (OCS, UMR AUSser 3329), il coédite, avec Sébastien Marot, la publication Marnes, documents d’architecture. Il est l’auteur de L’Architecture de la voie : Histoire et théories (Parenthèses, 2018) et Du rond-point au giratoire (Parenthèses, 2005).