Nano-industrie en réseau, préfiguration d’une usine du futur ?

D-3000, OpenDot

D-3000 est un projet de Vincent Fortin et Charlie Aubry, designers diplômés DNSEP design à l’isdaT.
Professeur référent Milan, Opendot : Nathalie Bruyère.

Afin de préparer une base de donnée de nœud d’assemblage permettant l’auto-construction de son espace de travail et que chaque bureau D-3000 soit équipé d’une carte de développement de style Raspberry Pi (un « low cost computer » modifiable à souhait), nous sommes allés à Milan pour travailler avec Opendot sur ces éléments.

Milan, Milan, toujours Milan !
Pourquoi, c’est quoi la spécificité ?
Le Made in Italy
Stefano Micelli présente dans son livre Il futuroartigiano, la spécificité du made in Italy. Celle-ci a émergé dans les années 50, au travers de secteurs basés sur des structures légères de production industrielle qui ont fait évoluer le secteur artisanal vers un système industriel (triangle industriel Milan — Venise — Bologne / secteurs design, agroalimentaire et mécanique). Ces districts ont inclus le savoir-faire artisanal italien dans le modèle industriel.

L’héritage des savoir-faire et la culture du faire sont autant de méthodes venues s’articuler à la création. Ces projets ont pris forme grâce notamment au secteur des machines-outils. Ce domaine permettant une innovation par le bricolage et les échanges entre personnes issues de différents domaines de compétence. Bref, la particularité du made in Italy est de s’être développé à travers un maillage territorial, un échange de savoirs et de compétences, d’outillages, laissant des marges de manœuvre à l’expérimentation, au tâtonnement.

La création d’outils spécifiques a permis d’inclure de la variété, de la flexibilité, de la personnalisation dans divers projets. Cela a fait le socle du design italien tel que nous le connaissons : expérimentation, mixité des modèles de productions, narration, culture du projet. Ce modèle est actuellement en crise.

Hypothèse de travail

Vers les nano multinationales grâce aux nouvelles technologies : un partenariat de travail avec Opendot à Milan.

Le passage vers des districts industriels aux districts culturels européens basé sur une technologie mondiale est-il possible ? Sans venir s’opposer à des secteurs d’activité industrielle ou artisanale mais en complément, l’hyper industrie permet de reposer certaines questions fondamentales aux design et à l’habitabilité. L’hyper industrie est l’ensemble des éléments issus du monde industriel infusé auprès des usages, les reliant à de nouvelles possibilités de production, de diffusion et de commerce.

Ces nouvelles technologies n’ont aucune importance si l’infrastructure d’Internet n’existe pas, les ordinateurs domestiques, les téléphones mobiles, les codes-barres, les réseaux de circulations, les moyens de transport n’étaient pas valides. Ce maillage qui va bien au-delà d’Internet et des impressions 3D, dont l’ensemble des médias parlent régulièrement, pose la question des nouvelles formes de diffusion de contenu, des interactions entre les divers modes de faire (artisanal, industriel, petites et moyennes entreprises, DYI, bricolage, libre entreprenariat…), mais ne pose pas la question de la culture du projet. Que véhicule une forme ? Quelles sociétés dessinons-nous à travers ces productions ? Comment transmettre le rapport forme et usage à ceux qui ne le voient pas, ou ne l’apprennent pas ? Comment s’effectue la transmission entre les designers expérimentés et les plus jeunes designers ?

Opendot est un FabLab issu de la culture de projet du district milanais de design italien. Le fablab est présenté comme un « lieu de fabrication numérique collaboratif, un lieu d’expérimentation, ou même expérimental. Il représente un moyen de concrétiser des projets difficiles, voire impossibles à réaliser hors de ses murs. Il permet également de tenter de nouvelles approches et de transformer le rapport à bon nombre de choses : mode de fabrication, de formation, et rapports humains de manière générale » en réseau. Pourquoi s’appuyer sur ce milieu de travail pour un projet pédagogique de recherche ?

L’isdaT est un établissement public, il a pour mission la transmission et le développement de bien commun à travers la pédagogie du design. C’est pour cela que D-3000 s’articule sur un double tandem : apprendre et construire ensemble une réflexion entre professeurs (professionnels) et étudiants (futurs professionnels) sur la transmission des savoir-faire pratique et théorique dans le domaine du design, apprendre et expérimenter pour les autres étudiants de design autour de premiers objets qui construiront leurs espaces de travail, commun et individuels dans une économie de moyens et une économie de la connaissance. C’est pour ces raisons que D-3000 est sous licence Creative Commons donnant le droit de modifier les modèles en fonction de leurs usages.

Base de donnée imaginée par Charlie Aubry et Vincent Fortin

D-3000 a pour but de penser l’aménagement des ateliers de design au sein de l’isdaT, en lien avec l’enseignement apporté, c’est-à-dire de penser des espaces de travail et des éléments qui soient adaptés aux lieux et aux besoins des utilisateurs, mais qui soient également en lien avec le projet pédagogique mis en place au sein de l’option. Plus qu’un projet fini et fermé, nous proposons de mettre en place une trame, un modèle ouvert qui permette de penser et de développer un ensemble infini d’éléments, de systèmes d’assemblage. Ce projet propose donc d’une part de concevoir et de fabriquer ou faire fabriquer des éléments fonctionnels. D’autre part, il sert pour nous de support pour amener les étudiants à s’interroger et à créer autour de problématiques liées aux champs du design.

S’approprier son espace de travail permet de s’impliquer (humainement) et d’avoir un sentiment d’appartenance plus fort au lieu où nous sommes, et par extension, à la structure qui nous accueille.
D-3000 est plus qu’un « mobilier » : ce sont des éléments qui accompagnent l’étudiant dans son apprentissage du « devenir designer ». Ce n’est pas seulement un support qui permet de poser une feuille ou un ordinateur personnel, c’est un outil qui amène à se poser les questions clefs du design contemporain : construire sa propre pratique de design, accompagnée par le corps enseignant.

Chaque bureau D-3000 est équipé d’une carte de développement de style Raspberry Pi (un « low cost computer » modifiable à souhait). Cette carte peut servir de base pour un environnement de développement numérique, elle possède les logiciels adéquats pour cet édifice et permet également la connexion au serveur. Le serveur peut se diviser en plusieurs couches :

  • Pédagogie (emploi du temps, cours, notes, etc.)
  • Partage (films, références, livres etc.)
  • Bibliothèque d’objets 3D (ceux des bureaux D-3000, mais aussi ceux provenant de l’atelier numérique de l’option où se trouvent les ordinateurs et l’imprimante dédiés à la fabrication d’objet 3D)
  • Archives des mémoires, des projets de chaque étudiant, etc.

Workshop D3000, isdaT
Workshop D3000, isdaT
Workshop D3000, isdaT
+ de photos
Workshop D3000, isdaT
Théo Lacroix, Hanin Salama, Léo Fasa Grandet, proposition de D3000 à l'ensemble de l'option design, encadrement Hanika Perez, Nathalie Bruyère et collégiale
Workshop D3000, isdaT
Théo Lacroix, Hanin Salama, Léo Fasa Grandet, proposition de D3000 à l'ensemble de l'option design, encadrement Hanika Perez, Nathalie Bruyère et collégiale
Workshop D3000, isdaT
Processus de production à la cnc, maquettes d’études à la découpe laser, découpe cnc, assemblage, personnalisation © Vincent Fortin
Workshop D3000, isdaT
Maquettes d’études à la découpe laser, assemblage © Vincent Fortin
En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l’utilisation de cookies. Consultez nos mentions légales pour en savoir plus.
Oui, j'accepte les cookies