Entrée libre et gratuite dans la limite des places disponibles.
Conférence également disponible en live et replay sur notre chaîne YouTube.
Conférence programmée dans le cadre du programme de recherche « Changer d’échelle ».
À priori, il existe une incompatibilité stricte, voire une opposition irréconciliable, entre une démarche écosociale et le modèle industriel de production et de consommation. Toute démarche « écosociale » cohérente semble poser en principe qu’il faut se séparer de l’industrie dont le développement aux cours des deux derniers siècles a causé des ravages considérables sur le plan écologique et social. Qui plus est, le design, par son histoire, a non seulement accompagné le développement industriel, mais il a contribué à le rendre toujours plus désirable en créant une misère écologique et symbolique sans précédent, et une intoxication à la consommation délétère pour toutes les formes de savoir (savoir-faire, savoir-penser, savoir-vivre). Le comble étant que le design participe directement à l’effacement des nuisances, des destructions et des responsabilités de cette misère et de cette intoxication par le « greenwashing » et le « socialwashing ». Il y a donc une forme de provocation à proposer un « design écosocial » et de l’associer à l' »industrie ouverte » pour former un couple positif.
Cette intervention cherchera à montrer d’une part que le design écosocial n’est pas une contradiction dans les termes, et qu’il est même décisif de le penser et de le pratiquer ; et d’autre part qu’il peut contribuer à la mise en œuvre d’une industrie « ouverte » qui puisse intégrer rationnellement la négativité qu’elle produit et même proposer une nouvelle manière de produire qui puisse préserver l’habitabilité de la Terre et la capacité à désirer l’avenir en commun.
Ludovic Duhem est artiste et philosophe. Il s’évertue à ne pas choisir et compte bien continuer à semer le doute. Il enseigne la philosophie de l’art et du design pour apprendre encore. Actuellement coordinateur de la recherche à l’ÉSAD Valenciennes, il intervient aussi à l’université et dans des écoles supérieures d’art, de design et d’architecture. Ses recherches s’attachent principalement aux relations entre esthétique, technique et politique au sein des enjeux écologiques. Il a récemment publié Design des territoires. L’enseignement de la biorégion (avec Richard Pereira De Moura, Eterotopia, 2020), Écologie et technologie. redéfinir le progrès après Simondon (avec Jean-Hugues Barthélémy, Matériologiques, 2022), Crash metropolis. Design écosocial et critique de la métropolisation des territoires (T&P Workunit, 2022).