workshop design graphique
année 1 — 20 étudiants
salle 108
“De tous les changements de langue que doit affronter celui qui voyage dans des terres lointaines, aucun n’égale celui qui l’attend dans la ville d’Ipazie, parce qu’il ne touche pas aux mots mais aux choses. […] — Les signes forment une langue, mais pas celle que tu crois connaître. Je compris que je devais me libérer des images qui jusqu’ici avaient annoncé les choses que je cherchais : seulement alors je réussirais à comprendre le langage d’Ipazie.” Italo Calvino, Les villes invisibles, Paris, Folio, 2013. (Le città invisibili, 1972).
Tels des ambassadeurs de villes lointaines, les étudiants inventeront, dans le cadre de ce workshop, l’identité graphique d’une des cités décrites par l’écrivain italien Italo Calvino dans Les villes invisibles (1972) : Armille, l’inachevée, qui “n’a ni murs, ni plafonds, ni planchers”, Sophronia, coupée en deux, Olinde, la concentrique, Ersilie, où “les habitants tendent des fils qui joignent les angles des maisons” pour signaler des types de relations, Eudoxie et son tapis géométrique, ou encore, Sméraldine où “le chemin le plus court d’un point à un autre n’est pas une droite mais une ligne en zigzags”, etc.
Par groupe de 3, les étudiants mettront au point un ensemble de signes en résonance avec le caractère de leur cité. Avec quel alphabet communique-t-on dans cette ville ? Quel est son drapeau ? Quelle forme a la monnaie ou quels signes apparaissent sur les billets ? Quelles formes ont les tickets de transports, les formulaires administratifs, la cartographie ou encore les guides touristiques ?
À partir de ce système de signes non-alphabétiques, ce code imaginaire qu’ils auront créé, les étudiants produiront une affiche specimen. Ils seront également invités à réaliser le drapeau de leur cité imaginaire.
Exercice de style sur la ville, l’ouvrage d’Italo Calvino sera un prétexte pour appréhender les notions de variation et de système, fondamentales dans la construction d’une identité graphique. Ce workshop sera l’occasion pour les étudiants de réfléchir à un système de langage imaginaire, un code d’écriture qui ne serait pas alphabétique.
Après avoir travaillé en Hollande, Sophie Cure a commencé à exercer comme designer graphique fin 2012. Diplômée de l’ENSAAMA à Paris, elle conçoit des projets tels que des identités visuelles, des livres, des jeux pédagogiques, qui se déploient dans divers domaines de l’architecture à l’édition, du monde des spiritueux à celui de la presse. Elle collabore avec des institutions publiques, des artistes et divers types de structures, comme Le Signe – Centre National du Graphisme, Les Éditions Actes Sud, le ministère de la Culture, Télérama, etc. Pour chaque projet, elle cherche à établir des règles de jeux, un système graphique modulaire capable de se déployer sur de multiples supports. En parallèle du travail de commande, elle s’intéresse aux mécanismes de lecture et de déchiffrage. Elle a conçu des jeux typographiques pour stimuler l’apprentissage et le plaisir de lire chez les personnes dyslexiques, salués par un prix de la Fondation de France en 2012. En 2015, est publié Le livret d’initiation au graphisme qu’elle a co-conçu et co-écrit. Au printemps 2018, elle a conçu la Sonate pour trois lecteurs, partition graphique et performance pour faire sonner et dissoner les livres d’une librairie. Elle enseigne depuis 2016 la typographie et la mise en page au sein de la section Art, Media & Technology de la Parsons School Paris.