18h — amphi A, isdaT site Daurade
Peintre, vidéaste, photographe, performer et écrivain, David Wojnarowicz s’est imposé comme l’un des artistes américains incontournables des années 80.
Né dans le New Jersey en 1954, enfant battu et maltraité, il s’enfuit à New York, découvre son homosexualité, vit dans la rue et subsiste grâce à la prostitution occasionnelle. À partir de la fin des années 1970, il crée une œuvre mêlant photographie, peinture, musique, film, sculpture, écriture, performance et activisme.
Dans la lignée d’autres artistes iconoclastes, il voyait dans la figure de l’outsider un sujet de prédilection. Sa carrière a commencé avec un ensemble de photographies et de collages rendant hommage à des écrivains de la contreculture comme Arthur Rimbaud, William Burroughs et Jean Genet. Diagnostiqué séropositif à la fin des années 1980, il devint un porte-parole pour les personnes atteintes du sida quand un nombre toujours plus grand d’amis, d’amants et d’inconnus commencèrent à mourir en raison de l’inaction gouvernementale.
Autodidacte, Wojnarowicz émerge dans le New York des années 1980, une période marquée par une énergie créative débordante, mais également par une grande précarité économique et de profonds changements culturels. Le croisement de différents mouvements — le graffiti, les musiques no wave et new wave, la photographie conceptuelle, la performance, la peinture néo-expressionniste. Tout au long de sa carrière, David Wojnarowicz refusa de s’assigner un style, adoptant une grande variété de techniques dans un esprit toujours radical.
Son œuvre documente et éclaire une période sombre de l’histoire américaine : celle de la crise du sida et des conflits culturels des années 1980 et du début des années 1990. Mais David Wojnarowicz trouve aussi sa place parmi les voix iconoclastes qui, de Walt Whitman à William Burroughs, explorèrent les mythes américains, leur perpétuation, leurs répercussions et leur violence. Comme elles, il aborde des sujets atemporels : le sexe, la spiritualité, l’amour ou encore la perte. “Faire du privé quelque chose de public est un acte qui a d’innombrables ramifications”, écrivait-il.
Homosexuel, militant Act Up farouchement critique de la société américaine, David Wojnarowicz meurt du sida en 1992.
+ projection
extraits du film Auto-portrait en 23 rounds, un chapitre dans la vie de David Wojnarowicz, 1989-1991 (2018)
Réalisé par Marion Scemama, ce portrait de la vie et de l’œuvre de David Wojnarowicz est basé sur un entretien de cinq heures entre l’artiste et le critique Sylvère Lotringer en 1989. Les propos de Wojnarowicz sont entrecoupés de documents d’archives inédits provenant d’archives personnelles de David Wojnarowicz et Marion Scemama.
Interview : Sylvere Lotringer.
Réalisation : Marion Scemama.
Montage : François Pain.
Marion Scemama commence la photographie comme photojournaliste dans les années 70 pour Libération, Actuel, et autres magazines français. En 1981, elle part s’installer à New York où elle fréquente la scène artistique montante du East Village. En 1983, elle rencontre l’artiste David Wojnarowicz, peintre, écrivain, photographe, performer et cinéaste. De cette rencontre naîtra une complicité artistique qui durera jusqu’à sa mort en 1992. Ces dix années ont été marquées par de multiples collaborations (vidéos, photos, performances) dont certaines ont été diffusées dans différents festivals, au Palais de Tokyo, au Centre Georges Pompidou, à la Foire de Miami, et seront présentées à l’automne 2016 au Whitney Museum à l’occasion de la rétrospective qui lui sera consacrée.