atelier sérigraphie, extérieurs
Dans le cadre du projet de recherche Genre2030, Hervé Sénant invite Nathalie Leroy Fiévée, avec la participation de Valérie Vernet.
Les précédentes activités de Genre2030 (Trouble in painting, accrochage au Beaucoup, Mur#20, workshop à la Villa Arson, Vision au Palais de Tokyo, workshop avec Jagna Chiuchta et restitution à l’Adresse du Printemps de septembre) n’ont cessées de mettre davantage en évidence l’importance des notions de visibilité, espace, exposition, jeu et des liens étroits qu’elles entretiennent.
Avec le workshop Your body is yours, il s’agit toujours d’expérimenter de nouvelles modalités de travail collectif non hiérarchisé — donnant en droit une importance égale à chacun —, de chercher des alternatives à la lutte souvent genrée pour la domination de l’espace d’exposition, lutte particulièrement lisible dans l’histoire longue de la peinture. Mais il s’agit aussi de sortir de l’espace intérieur et des espaces internes au monde de l’art (école, centre d’art, festival) et de lieux privés ouverts au public, pour inscrire le travail et la réflexion à l’extérieur, dans l’espace public et lui donner force d’interpellation, notamment par la couleur. Tel est donc bien l’enjeu de cette proposition où l’on voit qu’il s’agit à présent non seulement d’exposer mais de s’exposer.
Par un travail collectif à l’atelier de sérigraphie, les étudiants chercheront dans un premier temps à s’approprier Your body is yours — couverture du catalogue de l’exposition de Wolfgang Tillmans au National Museum of Art d’Osaka (2015) prise ici comme incitation de jeu — et à la décliner en 500 affiches toutes singulières.
Dans un deuxième temps, il s’agira de déplacer et d’inscrire cette production dans l’espace public par un « affichage sauvage » qui ciblera des endroits identifiés comme emblématiques, s’appuyant pour se faire sur une discussion autour des travaux du géographe Stéphane Leroy, co-auteur de l’Atlas mondial des sexualités (2013).
Nathalie Leroy Fiévée est née à Cayenne ; les origines amérindiennes de sa grand-mère ont influencées son goût pour l’abstraction et l’in-situ, dans le paysage mondialisé d’une pratique à l’intersection de deux influences culturelles majeures l’Occident et notamment l’héritage du minimalisme et de supports surfaces, l’Amérique pré-coloniale et la peinture amérindienne.
Elle étudie à l’ENSBA dans l’atelier de Claude Viallat. Pendant ses études, elle obtient la bourse Colin Lefranc grâce à laquelle elle réalise un voyage avec l’artiste navajo Joe Ben Junior ; de l’Arizona au Nouveau Mexique, ses horizons s’ouvrent aux espaces dont elle rêvait depuis son plus jeune âge et aux autres cultures amérindiennes. En 1998, après son diplôme avec les Félicitations du Jury, elle rencontre Jean Fournier qui lui ouvre l’espace de sa galerie (expositions personnelles et collectives et hors les murs : Fiac Paris, foire d’art contemporain de Cologne…).
Elle est en résidence en 2002 pour des peintures éphémères dans le Grand Cloître de la Chartreuse de Valbonne. Le travail in situ prolonge le travail de l’atelier. Chez Jean Fournier, des peintures de petits et grands formats sur toiles et sur papier, des sérigraphies. Des éditions avec les éditions Méridianes et des expérimentations à l’atelier Dupont qu’elle crée avec Valérie Vernet en 2005.
Pour ses expositions itinérantes « Latitudes », la commissaire d’exposition Régine Cuzin l’invite à la Biennale de La Havane, au Centre d’art contemporain Jean Marie Djibaou de la Nouvelle Calédonie, dans les salons de l’Hôtel de Ville de Paris et dans l’ancien Palais du Gouverneur de la Guyane pour lequel elle réalise une œuvre in situ de jeux optiques dans la galerie et sur les miroirs de la salle de réception (2006, 2007, 2009).
Que l’espace soit ouvert ou clos, tout est prétexte pour « faire peinture ». Expositions in situ au Château de Kerpaul (2013), au Centre d’art La Vigie à Nîmes (2014), au Centre Contemporain de la Matmut en duo avec Vladimir Skoda (2015)…
Cette année, elle est en résidence au Collège Ferdinand Madeleine d’Iracoubo en Guyane pour son projet « le Jardin Fraternel », peinture minérale et végétale, jardin qui sera réalisé avec les élèves du collège et prolongé par une commande publique.