workshop design
15 étudiants — extérieurs, ateliers techniques et salle 206
Les Cagnas
Durant la première guerre mondiale, les soldats étaient cantonnés pendant leurs périodes de repos dans des villages à l’arrière du front. Quand les bâtiments sont venus à manquer, beaucoup d’entre eux ont été envoyés dans les bois pour se reposer. Ils ont alors construit eux-mêmes leurs logements en cherchant à combiner leur habitabilité avec une vision utopique, celle du retour au foyer. Sur quelques rares documents, on peut voir ces cabanes agrémentées de fleurs, de rideaux ou d’éléments décoratifs voués à les projeter fictionnellement dans une sorte de quotidien léger et sans perdition.
Que ce soit en milieu naturel ou artificiel, les habitations provisoires comme celles qui ont été fabriquées par les soldats durant la guerre de 14/18 ou les migrants dans la jungle de Calais ont la particularité d’être construites avec les matériaux disponibles sur leur lieu d’implantation. Ce sont les ressources qui définissent le style architectural.
En visant à rendre le site toujours plus confortable et en assemblant au mieux ce qui se trouve dans l’environnement immédiat, ils cherchent à créer un urbanisme et un mode de vie qui s’inspire des formes habituelles. Comme les soldats, les migrants n’ont pas envie d’être là où ils sont. Pour pallier cette interruption brutale de leur trajet ou du cours de leurs vies, ils ont recréé une société sous la forme d’une simulation urbaine où l’on imagine que tout pourrait bien se passer. Faire une cabane est un moment enthousiasmant qui les aide à mieux vivre leur situation.
Pour ce projet, il s’agit de reconstruire certaines de ces cabanes d’après des photographies anciennes collectées depuis quelques années. Il faudra travailler avec la même économie, c’est à dire utiliser des matériaux modernes mais gratuits ou peu onéreux pour que la forme de ces bâtiments se pare de couleurs contemporaines. La reconstruction d’une cinquantaine de logements est envisageable dans des lieux différents. L’ensemble sera réuni sous la forme d’un livre publié aux éditions Manuella.
Artiste aventurier aux actions extrêmes, Laurent Tixador privilégie la performance et travaille de manière expéditionnaire. Il met à l’épreuve ses capacités physiques autant que la définition de “l’être artiste”. Ses périples permettent de fabriquer des situations qui influencent son comportement et proposent des opportunités. L’expédition est pour lui un travail d’atelier, d’autant que lors de ses pérégrinations, il bricole de petits objets avec les matériaux qu’il trouve sur place.
http://laurenttixador.tumblr.com/