Nouveaux imaginaires des pratiques artistiques,
Jean-Jacques Wunenburger

Conférence de Jean-Jacques Wunenburger, isdaT Toulouse
Conférence de Jean-Jacques Wunenburger, isdaT Toulouse

18h — amphi A, isdaT beaux-arts

Art brut, design, onirisme fantastique de bandes dessinées, néo-figuralisme postabstractionniste, peintures murales de rues (street art), sont autant d’indices que nombre de créateurs se trouvent, depuis des décennies, devant le défi consistant à créer des nouvelles formes artistiques, tout en se ressourçant (par mimétisme, hybridation) à l’héritage pluriel des patrimoines de la culture planétaire.

Dans cette perspective, il n’est pas étonnant de voir, par exemple, l’artiste retrouver la dynamique propre aux programmes morphologiques de la nature (en s’inspirant des cristaux, rhizomes, fractales, etc.), développer une dialectique de formes eidétiques et fonctionnelles dans le design (déjà Loewy), recourir à des matières, textures et éléments naturels, traités comme réserves d’une physique onirique (géo poétique, bio-mimétisme), impliquer le corps dans avec ses rythmes et ses codes (body art), redécouvrir la fonction poïétique des grandes mythologies (Garrouste), faire resurgir l’image religieuse (Alberola, Gina Pane, etc.), puiser dans les patrimoines artistiques propres aux sociétés traditionnelles (arts indiens d’Amérique du nord et du sud par exemple).

Ce dépassement de l’abstraction et de l’art conceptuel ouvre sur un néofiguratisme, très marqué par les imaginaires dominants, qui inspirent des processus créatifs nés de philosophèmes post modernes.

Trois grands imaginaires dominants :

  • 1. Imaginaires éco-systémiques (anti-spécisme, animalisme, écologie radicale, etc.) qui abandonnent la place centrale de l homme dans la nature pour restituer le cosmos dans sa pluralité et complexité, indépendamment de l’homme comme mesure ou comme excédent. On abandonne le référentiel anthropomorphique, institué depuis L. de Vinci comme « mesure » du monde, pour explorer les changements d’échelles, mondes plus grands et plus petits (nano mondes), hors d’atteinte de sens, mais qui permettent de visualiser les strates et dimensions inconnues du cosmos.
  • 2. Imaginaires post-humanistes qui veulent augmenter, voire remplacer l’humain comme entité biopsychique, par un être artificiel, bionique, cybernétique, robotique, soit par prothèse, par connexion machine, voire par automate. L’art devient une sorte de partenaire de l’expérimentation robotique et de l’intelligence artificielle.
  • 3. Imaginaires cosmopolitiques. L’humanité, toujours en proie aux misères, exploitations, famines et épidémies, oblige à se confronter aux problématiques du clos et de l’ouvert, du fini et de l’illimité, de l’universalité et des différences. Sur fond d’un retour au cosmopolitisme antique (cité du monde), explorations du dépassement des identités et frontières par restauration d’une multitude, citoyenne du monde indifférencié ; mais aussi revendication ethniciste, droit à la différence, patrimoines culturels alternatifs, sources d’une sagesse de la terre.

On se propose de clarifier ce paysage intellectuel multiple et de mettre en débat les forces, obstacles et tensions inhérentes à ce moment des pratiques artistiques contemporaines…


Jean-Jacques Wunenburger, professeur émérite de philosophie à l’université Jean Moulin Lyon 3 (France), préside l’association internationale Gaston Bachelard et le Centre de recherches internationales sur l’imaginaire. Il a consacré de nombreux ouvrages à l’image, à l’imagination et à l’imaginaire dans leurs relations avec la rationalité, en philosophie, dans le politique, la santé, les médias, les arts, etc. Entre autres : La vie des images, nouvelle édition augmentée, Presses Universitaires de Grenoble, 2002 ; Philosophie des images,  Presses Universitaires de France, Coll. « Themis », 1997, 322 p., 2éd. 2001 ; L’imaginaire, PUF Que sais-je ? 3éd. 2016 ; Bachelard, poétique des images, Mimesis, 2012 ; L’imagination géopoïétique, Mimesis, 2016.

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l’utilisation de cookies. Consultez nos mentions légales pour en savoir plus.
Oui, j'accepte les cookies